Colloque international pluridisciplinaire « La communication numérique au prisme des transformations sociétales »
Introduction
Par Khaled Zouari et Lamia Badra, Université clermont auvergne
Dans cette préface, nous concentrerons notre propos sur la « communication numérique » qui est un sujet inhérent à la réflexion des Sciences de l’Information et de la Communication (SIC). Nombreux chercheurs de cette science s’en sont emparés pour en faire des objets d’étude et de recherches probants (tels que les travaux de recherche de Proulx, Millerand et Rueff, 2010, Perriault 2012). Ils ont développé différentes approches témoignant ainsi, de l’intérêt renouvelé porté à ce sujet qui bouleverse tout autant les pratiques que les perceptions.
Ce sujet continue à prendre toute son acuité partout dans le monde depuis que les usages des technologies numériques (professionnels et/ou personnels) se sont répandues promptement. Il faut dire que la rapidité et l’intensité d’expansion de ces technologies ont modifié d’une manière significative nos sociétés qui vivent des transformations importantes à des échelles différentes. C’est précisément sur cette problématique que le colloque pluridisciplinaire « la communication numérique au prisme des transformations sociétales » organisé par le laboratoire « communication et sociétés » (EA 4647) de l’Université Clermont Auvergne a abordé en 2021 à la MSH de Clermont Ferrand. A cette occasion, des chercheurs en SIC de trois continents (l’Europe, l’Afrique et l’Amérique) ont apporté des connaissances nouvelles pouvant enrichir la réflexion sur ce sujet. Ils ont analysé en particulier, la valeur scientifique des concepts de web social et de réseaux sociaux numériques appliqués à des terrains de recherche spécifiques, locaux, nationaux et internationaux.
Dans ce numéro de la revue Culture com, nous rassemblons une sélection de travaux présentés par les chercheurs de ce colloque. Avant de vous laisser découvrir leurs travaux, nous exposons ici, brièvement les principales questions traitées par chacun de ces chercheurs qui malgré la différence des approches d’études et des contextes analysés questionnent la légitimité de la communication numérique (communication médiatisée, communication en réseaux, humanités numériques, etc.). Ainsi, dans sa conférence inaugurale, Nadia Caidi, s’interroge sur la façon dont le numérique a transformé les pratiques professionnelles et s’enquête sur le positionnement des réformes des programmes d’enseignement en SI par rapport à l’urgence et à la diversité des défis mondiaux et des questions éthiques.
Lamia Badra et Yousra Seghir s’interrogent sur la possibilité du partage des savoirs en information-documentation par le numérique en France et en Tunisie en examinant les perceptions et les pratiques professionnelles existantes dans les deux pays par rapport à la communication en réseau.
Tiphaine Zetlaoui se questionne sur le rôle que les pouvoirs publics en France jouent dans l’avènement et le développement de la Société de l’Information et de la Communication (SIC) et fournit une analyse critique des systèmes de pensées ayant eu un lien avec l’expansion et l’explosion des technologies de l’information et de la communication les limites du paradigme de la société de communication numérique.
Benoît Kouakou Oi Kouakou aborde dans son article la problématique du vivre ensemble sur les réseaux sociaux. Il focalise son étude sur l’examen des plateformes développées par les groupes des arbres à palabres ivoiriens sur Facebook et son impact sur la tradition africaine.
Bassémory Kone, Ernest, Zah bi Gohi, et Christophe Konan s’interrogent sur les effets des stratégies de communications étatiques multi-supports (TIC et médias traditionnels) sur les perceptions des messages anti Covid par les populations abidjanaises.
Hanène Rejeb et Alexandre Abdellard analysent l’impact de l’usage des TIC (les jeux sérieux) sur les enfants souffrant d’un handicap moteur dans les Instituts Médico-Educatifs (IME) et discutent de l’idée d’utiliser des outils numériques et le besoin de développer des logiciels plus adaptés à la situation.
Okon Marguerite Djah étudie les représentations sociales des technologies de l’information et de la communication dans le secteur de l’éducation et tente de voir dans quelle mesure internet pourrait faire évoluer la méthode classique d’apprentissage et les méthodes et stratégies d’argumentation scientifique.
Riva Viasnney M’Boumba pose la question de l’engouement des personnes géographiquement éloignées en milieu rural au Gabon pour les réseaux sociaux et l’élargissement de pratiques médiatiques des jeunes générations qui utilisent les médias numériques pour le suivi de l’actualité via les médias numériques ou la vérification et l’enrichissement d’une information.
Marcy Delsione Ovoundaga aborde la question du militantisme en ligne sous l’angle des usages des réseaux socio numériques et des modalités d’appropriation des médias diasporiques par la diaspora gabonaise.
Florence Agney examine l’usage de nouveaux espaces d’information et de débat démocratique en ligne en étudiant précisément la plateforme Web TV LVIK TV en Côte d’Ivoire considérée comme un nouvel espace de présence médiatique numérique.
Bibliographie
Bonenfant, M., Dumais F, Trépanier- Jobin G (sous dir.), Les pratiques transformatrices des espaces socionumériques, PUQ, collection les cahiers du Gerse.
Couzinet, V., Chaudiron, S. (2008), Organisation des connaissances : aspects sociaux et changements liés au numérique. Sciences de la Société, Presses universitaires du Midi, pp.3-9.
Proulx, S. Millette M, Heaton L, (2012), Médias sociaux. Enjeux pour la communication, Presses Universitaires du Québec, 2012
Triquet É., (2021), « La pandémie de COVID-19, événement planétaire », Communication [En ligne], Vol. 38/1 | mis en ligne le 09 juin 2023, consulté le 31 mai 2022. URL : http://journals.openedition.org/communication/14009