Le Hezbollah, un acteur non étatique dans la diplomatie d’influence au Moyen-Orient

antoine el Khoury, université de rennes

Résumé

Cet article explore comment le Hezbollah, une organisation influente du Moyen-Orient, utilise la diplomatie d’influence. En tant qu’acteur hybride mêlant politique et religion, le Hezbollah va au-delà du rôle traditionnel des États dans les relations internationales. Il s’appuie énormément sur le soft power, comme la propagande et la mise en scène, pour influencer l’opinion publique et légitimer ses actions. Les médias, notamment la chaîne Al-Manar, sont essentiels pour diffuser son idéologie et mobiliser la société. On le voit clairement dans la guerre en Syrie, où le Hezbollah a utilisé la guerre psychologique pour façonner les perceptions et maintenir le soutien populaire. En combinant soft power et hard power, le Hezbollah se distingue comme un modèle de smart power, capable de s’adapter et de résister grâce à une culture de résistance bien ancrée. En somme, cette analyse montre comment le Hezbollah réussit à naviguer dans des environnements politiques complexes et à utiliser différents leviers pour atteindre ses objectifs stratégiques.

Introduction

Les relations internationales sont entrées dans une nouvelle ère. Les moyens utilisés dans ce champ se sont diversifiés. Mais, au-delà de cette diversification, c’est surtout une complexification qui s’est opérée avec l’arrivée de nouveaux acteurs qui agissent parallèlement aux États, et ce, largement facilitée par un contexte propice sur la scène internationale : guerre, pandémie, migration, contexte économique, nouvelles technologies, etc. L’émergence croissante de ces acteurs non-étatiques entraîne une multiplication des interactions et des niveaux d’échanges. Ces derniers sont étudiés au sein d’un nouveau champ dans les relations internationales : la diplomatie d’influence.

L’international n’est plus une compétence réservée seulement aux États. Même si les États restent les acteurs principaux, les pivots de la diplomatie d’influence et évidemment les dépositaires de la représentation officielle du pays, ces derniers ne sont plus les seules interfaces avec le monde, ni les seuls à explorer ce qui se passe au-delà des frontières. Ils ont perdu le monopole de l’information et de l’action internationale et doivent désormais conjuguer avec toutes les forces en présence. Ces nouveaux acteurs non étatiques, nouvellement arrivés et rattachés à un pays par leur identité, n’appartiennent pas à un corps diplomatique et disposent de leurs propres moyens de représentation et de négociation pour défendre leurs intérêts à l’international. Chaque pays dispose donc de plusieurs voix de représentation à l’international. Parmi ces forces, certaines catégories se distinguent comme les partis politiques transnationaux, les ONG, les opinions publiques, les philanthropes ou les firmes multinationales. Leur succès dépend largement de leur réputation, de leur crédibilité et de leur légitimité. Chacune de ses voix mène sa propre stratégie de soft power, à travers les médias traditionnels, les outils numériques et surtout avec les réseaux sociaux. Sur le terrain, chacun d’eux cherche à « façonner les préférences des autres »[1], à promouvoir ses savoir-faire, ses technologies, à réorienter les goûts, la consommation, les choix touristiques et à influencer les cultures des populations dans le monde.

Ainsi, non plus simplement cantonné à la stratégie politique, le Hezbollah figure parmi ces acteurs qui jouent un nouveau rôle au cœur de la diplomatie d’influence[2]. Celui-ci se manifeste notamment par l’adaptation de sa stratégie ou encore le mariage entre les idées iraniennes et le quotidien arabe.

 

Une définition statutaire complexe explicative de son passage d’une stratégie politique à une politique d’influence

Le Hezbollah est une organisation active et très influente au Moyen-Orient qui opère depuis près de 40 ans au Liban. L’organisation poursuit des buts politiques et religieux précis qui lui sont propres. Depuis sa création en 1982, le Hezbollah est au centre des études en histoire et en sciences politiques de la région du Moyen-Orient, ainsi qu’un thème central de toutes les discussions concernant les sujets politiques et militaires dans la région. Cet intérêt est directement lié aux controverses portant sur la nature et les objectifs du Hezbollah. Il en résulte une organisation difficile à comprendre et appréhender. Ainsi, le Hezbollah a principalement été décrit par les chercheurs de plusieurs manières avec parfois de grands écarts, allant jusqu’à parler d’État dans l’État. Parmi les qualificatifs attribués au Hezbollah, plusieurs statuts se distinguent. La première définition attribuée à l’organisation est un statut hybride[3] . Ni simplement organisation religieuse, ni uniquement organisation politique, le Hezbollah est considéré comme un « acteur non-étatique non soumis à l’État mais qui reçoit légitimité par l’État pour la défense de ce dernier, des menaces étrangères. En d’autres termes, le Hezbollah détient une liberté d’action et d’autorité publique sans responsabilité, que ce soit avec l’État, sans l’État ou en compétition avec l’État ». Dans le même principe, Szekely développe cette analyse. Pour lui, « le Hezbollah est perçu comme étant un acteur proto-étatique qui profite de sa puissance militaire et de la fragilité de l’État libanais et de ses institutions pour défier l’autorité étatique quand nécessaire »[4]. Autrement dit, l’organisation dispose d’un certain nombre de caractéristiques propres aux États modernes, mais pas la totalité. D’autres ont encore approfondi la description en évoquant un nouveau concept ; celui « d’organisation terroriste hybride. Ce nouveau type d’entité multiforme décrit une intervention dans trois champs. Le premier, c’est l’engagement dans des actes militaires terroristes, le deuxième c’est la participation légitime dans la vie politique libanaise et le troisième c’est l’offre d’une panoplie de services sociaux souvent offerts par un organisme étatique »[5].

La pluralité d’échelles de cette définition répond à la complexité de l’environnement dans lequel évolue le Hezbollah. C’est parce que ce dernier est une organisation multiforme évoluant dans une société complexe qu’il a adopté une stratégie politique pragmatique. Celle-ci est renforcée par son rôle hyperactif, tant sur le plan local que régional. Empreinte de pragmatisme, sa stratégie intègre la diplomatie d’influence (information et communication, soft power, influence, guerre psychologique) et garantit au Hezbollah l’intégration dans son environnement, que ce soit au niveau local, régional ou international. Le Hezbollah a réussi à s’imposer non seulement comme l’alpha et l’oméga de la vie politique libanaise mais aussi comme un acteur incontournable au Moyen-Orient, notamment dans les crises de la région qui sont un reflet illustrant bien sa stratégie d’influence.

À partir de ce constat, quel est le but de la stratégie d’influence du Hezbollah et quelles en sont ses composantes ? Cet article s’intéresse au pouvoir mobilisateur et légitimant de la stratégie d’influence pour l’organisation et appréhende les différents vecteurs par lesquels le Hezbollah exerce son influence tels que la culture, les médias ou le tourisme.

La stratégie d’influence du Hezbollah : une stratégie visant à mobiliser et légitimer

Pour comprendre les leviers utilisés par le Hezbollah dans sa politique, il faut revenir sur les fondements, les composantes, les actions et les caractéristiques de sa stratégie. D’abord, cette stratégie reflète la culture pragmatique de l’organisation et peut être qualifiée de stratégie adaptative, en d’autres termes, une stratégie qui s’adapte à tout genre de situation. En plus de 40 ans d’existence, le Hezbollah a réussi à être témoin et souvent acteur de nombreuses transformations et changements intervenus sur les scènes libanaise, régionale et internationale. La stratégie du Hezbollah s’est donc construite dans le temps et avec son environnement, inspirée des différents conflits, notamment ceux avec Israël. Cette caractéristique adaptative permet au Hezbollah d’inscrire sa stratégie en adéquation avec son contexte temporel et de légitimer sa raison d’être.

Par ailleurs, la stratégie du Hezbollah se base sur une culture commune. Celle-ci se met progressivement en place à travers l’institutionnalisation d’une société de résistance et la transmission d’une « culture de résistance »[6] ou de « culture de guerre » pour reprendre l’expression du chercheur Farhat El Khoury[7].

L’institutionnalisation d’une société de résistance représente un axe majeur de la stratégie du Hezbollah et lui permet d’asseoir sa popularité notamment au sein de la communauté chiite libanaise. Cet activisme sociétal prend forme en premier lieu par l’engagement sur le terrain avec notamment les « opérations suicides » contre les bases israéliennes au sud du Liban, et en deuxième lieu par la mise en place d’un réseau de services socio-politiques (comme les hôpitaux, les écoles, la fondation des martyrs, des associations culturelles) et, enfin, par la création d’activités médiatiques pour construire une mémoire de guerre, instrument de guerre utilisé dans le cadre de la  propagande de mobilisation. D’ailleurs, lorsque Ali Fayyad, député du Hezbollah, aborde les objectifs de son parti à travers cette institutionnalisation, il avance que « les organisations du Hezbollah ont été mises en place pour construire une relation solide entre le peuple et le parti ; elles sont un élément essentiel dans sa stratégie de mobilisation »[8].

Si l’institutionnalisation de la résistance du Hezbollah vise en premier lieu la communauté chiite et ses partisans à des fins de mobilisation, elle est également destinée aux autres communautés libanaises afin de normaliser sa présence et gagner en légitimité. Selon Aurélie Daher, « l’objectif premier de l’appareil social du Hezbollah n’est pas d’enclencher un développement social des régions chiites, mais de désamorcer toute rancœur (…) qui pourrait mettre en péril le soutien de la société libanaise à la Résistance »[9]

De fait, la culture de résistance est le lien entre toutes les composantes de la stratégie de l’organisation que le Hezbollah a basé sur le principe de Winston Churchill selon lequel un peuple sans histoire n’aura pas de futur, un peuple qui oublie son passé n’a pas d’avenir. Ainsi, la culture de résistance est ancrée dans la transmission intergénérationnelle et par des contributions sur les pratiques culturelles de la société du Hezbollah. Mona Harb et Lara Deeb, notamment, décrivent deux stratégies d’encadrement social et politique : le tourisme politique et l’organisation de loisirs pieux[10]. À ces deux stratégies, il est possible d’ajouter le recours du Hezbollah aux outils de communication.

Renforcée de l’intérieur par une culture commune qui touche à tous les rouages de la société, l’organisation envoie ainsi un signal de présence à ses ennemis en dehors de la sphère libanaise. Le message est clair : « Nous sommes là, nous écrivons l’histoire, nous n’oublions pas nos martyrs et nous documentons vos actions ». Néanmoins, après la guerre de 2006 avec Israël, l’organisation prend véritablement conscience que le hard power ne suffit pas pour atteindre ses objectifs et joue la carte du soft power ; une stratégie peaufinée, dont l’objectif est de mobiliser ou légitimer son action, qui va notamment être exploitée tout au long du conflit en Syrie.

Culture et médias au service de la stratégie du Hezbollah

La propagande et le soft power alimentent et entretiennent la culture commune et le système global de l’organisation. Ils sont au service de sa diplomatie d’influence et de mobilisation et se concrétisent à travers les productions scénographiques, les médias, les discours ou encore les lieux symboliques. En 1990, 5 ans après sa création officielle, le Hezbollah crée le centre d’activités médiatiques pour promouvoir et coordonner son image et sa communication ainsi que gérer l’ensemble des médias, y compris l’emblématique chaîne télévisée, Al-Manar. L’utilisation des outils de communication est un amplificateur des stratégies militaires et socio-politiques, tout comme la culture en est un vecteur de soutien. C’est pourquoi, à partir de 2002, le Hezbollah a adopté une stratégie culturelle passant par la création de l’Association Libanaise des Arts de la Résistance.

Affiches et productions scénographiques comme outils de propagande mobilisatrice

Le Hezbollah a formé une unité d’information au sein du centre d’activités médiatiques qui s’occupe de l’organisation de l’espace : graphisme, mise en scène de manifestations, défilés, disposition d’affiches représentant ses combattants, etc. Le marquage scénographique de l’espace constitue un support majeur de la propagande du parti. Il s’agit d’un outil de communication de masse, populaire par excellence, attirant immédiatement l’œil des habitants et des passants. Cette matérialisation prend forme dans l’espace à travers des banderoles ou encore des photographies de martyrs ou de personnages symboliques du parti, adaptées à chaque occasion, comme par exemple pour Achoura[11], l’anniversaire du prophète, la date de libération du Sud, le jour des martyrs, etc.

Cette politique de diffusion massive d’images dans les régions à majorité chiite s’appuie sur une scénographie qui suit les différentes temporalités de l’histoire politique et religieuse des Chiites. Ainsi, elle véhicule des messages politiques mobilisant une mémoire vivante chez les partisans du Hezbollah. Elle permet aussi de rappeler et de perpétuer son image légitime de « parti gagnant »[12], protecteur de la communauté. Par conséquent, la scénographie sert également à la propagande de mobilisation avec pour objectif d’informer, séduire et persuader les partisans du Hezbollah. Kinda Chaib, spécialiste des mouvements islamiques et notamment du Hezbollah, a mené une étude approfondie sur cette politique d’affichage d’images de martyrs et la façon de la mettre en scène. Elle en donne un aspect sociopolitique. Pour elle, « la modélisation des régions à majorité chiite vise à rappeler à la communauté la nécessité de l’engagement politique dans les actes du quotidien et structure la vie quotidienne des habitants et de la communauté »[13].

Composante à part entière de la stratégie, la mise en scène de la propagande par l’image alimente la communication et est mise en avant par les médias audiovisuels qui la relaie à une plus grande échelle.

Les médias audiovisuels au service de cette influence : Al-Manar principal vecteur informationnel du parti

Le Hezbollah accorde une importance majeure aux médias, à l’instar des autres forces politiques libanaises au sortir de la guerre civile. Le Hezbollah a lui aussi fondé, en 1990, sa propre chaîne télévisée : Al-Manar. Toutefois, c’est le mois de mai 2000 qui « marque le point d’orgue de sa perception consensuelle comme chaîne de la résistance, en raison de sa couverture exclusive et en continu du retrait israélien du sud du pays »[14]. Considérée comme la chaîne officielle du Hezbollah, elle s’affirme comme son porte-parole audiovisuel et lui offre une audience internationale pour sa propagande. Les objectifs affichés de la chaîne sont d’ailleurs fixés par les dirigeants du parti :

  1. Assurer une fonction de construction permanente du référentiel idéologique et symbolique du Hezbollah
  2. Accompagner le parti dans ses travaux de résistance et faire le lien entre le parti et les partisans
  3. Attirer la sympathie libanaise interne et fournir toutes les formes d’assistance à la résistance[15]

L’importance de la chaîne est considérable pour l’organisation, à tel point que les dirigeants du parti répètent à chaque occasion : « à détruire l’image de l’adversaire sans Al-Manar nous perdrions la guerre, elle nous aide à détruire l’image de l’adversaire »[16]. Cela montre bien l’importance de cette chaîne dans la stratégie médiatique d’influence et d’information du parti. Pour la mettre en place, les dirigeants de l’organisation sont partis du principe de François Bernard Huyghe selon lequel « le pouvoir des médias est celui d’occuper le temps des gens ; le vrai pouvoir est donc d’occuper le temps des médias »[17]. C’est dans cette logique que les dirigeants du parti et les responsables de la chaîne ont mis en place un système de programmation de façon à répondre, de manière très rapide, à la nouvelle dimension des guerres contemporaines.Par la mise en place du djihad médiatique comme stratégie d’influence et de communication, le parti a réussi à transformer cette chaîne en un outil de propagande, de persuasion, de manipulation et d’influence afin de mener à bien sa guerre psychologique.

Grâce à l’utilisation de sa chaîne de télévision Al-Manar, spécialement en temps de guerre, le Hezbollah a démontré une maîtrise de la communication, des images et de la promotion des idées sans faille. Le conflit syrien est un très bon reflet de cette technique de guerre psychologique. Le lendemain de l’annonce de l’engagement militaire de l’organisation aux côtés de la force du régime, la chaîne a complètement modifié sa programmation quotidienne. Elle s’est transformée pour faire du « journalisme militant »[18] dans le but de mobiliser, justifier, défendre et convaincre. Les dirigeants du Hezbollah comblent le manque de légitimité dans le cadre de l’intervention dans la crise syrienne par un excellent engagement médiatique et par l’influence que lui procure la chaîne de télévision Al-Manar.

Dans une optique de mobilisation, Al-Manar produit et diffuse tous les jours un grand nombre de clips vidéo fabriqués par son centre d’activités médiatiques. Ces vidéos ou ces films constituent pour la direction de l’information du Hezbollah un outil privilégié de diffusion de la doctrine et des actions menées par le parti. Les thématiques traitées dans ces clips vidéo sont multiples. Les vidéos abordent des sujets d’actualités afin de servir l’agenda médiatique du parti. Elles s’inscrivent donc comme des outils pédagogiques d’une diplomatie d’influence stratégique, évolutive et ciblée. L’utilisation massive et récurrente de ces vidéos, et plus largement de la propagande et de la manipulation, est ce que l’on peut appeler le système « Hezbollywood ».

En parallèle du travail de scénarisation, la chaîne joue également un rôle de représentation qu’elle a aussi rempli pendant le conflit syrien. Les équipes d’Al-Manar étaient présentes en permanence sur le terrain, au plus proche du déroulement des affrontements militaires et informationnels. Les journalistes sur le terrain étaient conseillés sur les images d’intérêt à filmer. En fournissant lui-même des images, des photographies et des témoignages via sa chaîne télévisée, et bien sûr sur Internet, à travers ses sites mais aussi des blogs amis, le Hezbollah s’est imposé comme une source légitime d’information. La presse internationale ne se privera pas de piocher dedans pour rédiger ou concevoir articles, analyses et reportages. La scénarisation ne consiste donc pas seulement à filmer et photographier en masse des actions spécifiques, encore faut-il savoir à qui les fournir, par quel canal et à quel moment.

La guerre en Syrie fut une guerre par l’information dont l’un des fronts s’est joué dans les médias. Le Hezbollah a donc mobilisé sa chaîne télévisée Al-Manar comme un front médiatique prééminent pour y déployer sa communication politique et militaire. Pour le Hezbollah, la guerre syrienne a été avant tout une opération psychologique qui consiste à influencer le comportement d’un groupe-cible, réalisée par le biais d’un ensemble d’actions d’influence psychologique, visant à la fois à « soutenir le moral des combattants, promouvoir la valeur militaire du parti et à démoraliser l’adversaire »[19]. Si la guerre de l’information se joue dans les médias, elle se gagne par le discours.

Un discours religieux et idéologique de mobilisation

Le discours, tant dans le fond que la forme, occupe une place centrale dans la propagande d’influence mise en place par le Hezbollah.

Sur le fond, les discours se parent d’un caractère multidimensionnel et multidirectionnel. Si le discours religieux reste toujours l’élément moteur pour convaincre et recruter, le contenu intègre aussi une dimension géopolitico-stratégique. Autrement dit, les discours englobent deux visions : une religieuse et une politique. Ce qui lui permet de s’adresser à plusieurs cibles en même temps, de sorte à ce que chacune d’entre elles trouve un argument qui lui fasse sens. Pour répondre à ce caractère multidirectionnel, l’ensemble des discours est empreint d’une tactique d’ambiguïté idéologique permettant d’adapter l’approche à son audience. À titre d’exemple, l’idée de djihad revêt un sens différent dans le discours des dirigeants du parti selon le public à qui il s’adresse. Ainsi, devant les militants et membres du parti, le djihad est présenté comme un devoir religieux. Devant un auditoire local regroupant toutes les communautés religieuses et toutes les confessions, le djihad prend forme d’un devoir patriotique contre l’ennemi. Devant un public régional, le djihad s’apparente à un combat contre l’impérialisme occidental. Tandis qu’à l’international, le djihad devient le droit d’un peuple à protéger son territoire contre l’ennemi.

Quant à la forme, le rôle d’orateur des dirigeants apporte une légitimité au message, notamment à travers le charisme de son leader, Hassan Nasrallah. Ses discours intègrent deux genres de propagande : une propagande générale globale dont les messages visent tous les auditeurs et une propagande religieuse qui cible plus particulièrement la communauté chiite parmi les auditeurs partisans.

Pour la propagande généraliste, les dirigeants appliquent intelligemment et volontairement l’ensemble des dix principes[20] de fonctionnement de la propagande énoncés par l’historienne belge Anne Morelli, qui a repris les travaux de l’homme politique britannique Arthur Ponsonby. Elle décrit les mécanismes essentiels de la propagande moderne utilisée aussi bien durant la Première Guerre mondiale qu’au cours de conflits plus récents.

Pour le deuxième genre de propagande, les arguments religieux et confessionnels sont parmi les principaux arguments utilisés pour justifier l’intervention du parti. Le mouvement chiite n’a pas ménagé ses efforts et a utilisé, à grand renfort, un discours idéologique décomplexé et une propagande religieuse confessionnelle par le biais de ses institutions et ses médias. Ceci est sans compter sur le discours communautaire religieux chiite auquel a eu recours le Hezbollah a l’égard de ses membres et de ses partisans pour les mobiliser ainsi que légitimer et justifier son intervention, comme ce fut le cas dans le cadre du conflit syrien. Le secrétaire général du mouvement a par exemple déclaré à plusieurs reprises que son parti devait intervenir en Syrie, non seulement pour protéger l’axe de la résistance, mais aussi pour défendre les villages frontaliers dont la population est à majorité de confession chiite.

De manière générale, son intervention en Syrie est un condensé de cette stratégie propagandiste de guerre et se matérialise à travers certaines phrases ou mots-clés. À titre d’exemple, la déclaration « notre guerre est saine et un devoir djihadiste »[21], affirmée sans l’once d’une hésitation, vient justifier l’engagement du parti aux côtés du régime. Hassan Nasrallah a poussé son analyse de la crise syrienne en la qualifiant de menace existentielle qu’il convient d’empêcher par une « guerre pour l’existence »[22] contre les groupes sunnites extrémistes, autrement dit les mouvances salafistes-jihadistes. Il a également répété le rôle du Hezbollah dans la protection des symboles religieux chiites comme la mosquée de la petite-fille du prophète Mohamed ou le sanctuaire d’al-Sayyida Zeinab à Damas[23].

Les éléments de la stratégie d’influence et de communication dans les discours du Hezbollah montrent que le parti utilise une propagande « dure », qui s’explique en partie simplement par le corpus idéologique religieux qui fonde l’organisation. La promotion dans le discours d’un Islam politique révolutionnaire, ambitionnant de reconstruire le réel selon sa vision, implique des formes de communication teintées de violence psychologique. L’existence d’une foule hezbollahie, caractérisée par une certaine forme d’unité mentale, renforce l’impact de la propagande tout en la stimulant et est aidée par l’édification de lieux culturels communs.

Lieux de symbole et tourisme, un élément de propagande et de soft power pour le Hezbollah

Si le discours est un moyen de diffusion incontestable de la propagande, la représentation et la matérialisation du discours en un lieu est un moyen de lui donner vie. Bien plus, le Hezbollah trouve en l’édification de lieux de symbole un moyen d’immortaliser sa victoire et de démontrer l’impuissance du puissant adversaire. Pour cela, il a transféré le combat militaire au musée de l’art par l’intermédiaire de l’Association Libanaise des Arts de la Résistance. Cette dernière est responsable de la construction des structures de grande taille, tels que le camp de Khiam[24] ou le château de Beaufort[25]. Néanmoins, le meilleur exemple semble être celui du site de Mleeta[26], qui concentre plusieurs éléments de la stratégie d’influence du Hezbollah. Le site de Mleeta est composé de plusieurs parties et met en avant des symboles représentatifs. La première partie du site est la salle de projection qui constitue le début de la visite, servant à la projection de films, d’images, de discours et de colloques. Puis, la visite se poursuit avec un fossé dans lequel des véhicules blindés et des chars ont été installés. La visite du musée se clôt enfin avec l’exposition et la mise en avant des butins de guerre.

Outre son importance politique et spirituelle, le site de Mleeta contribue à plusieurs objectifs essentiels de la diplomatie d’influence et est ainsi devenu un élément incontournable de sa politique de soft power. Ce lieu représente un des maillons de la stratégie culturelle du mouvement. L’objectif affiché du site est de transmettre l’histoire et « les exploits de la résistance islamique, depuis sa création en 1982 jusqu’au retrait des troupes israéliennes en 2000 »[27], et sans oublier bien sûr les exploits réalisés pendant le dernier affrontement avec Israël en 2006. Ainsi, le type d’événements proposés vise à toucher un public plus large, issu du milieu académique, mais aussi parmi les populations arabes fières des succès de la résistance libanaise. De fait, le site devient un lieu de prédilection pour les expositions artistiques permettant de diffuser les messages et l’idéologie du mouvement. Cette activité n’a pas cessé avec l’engagement du Hezbollah dans la crise syrienne. Bien au contraire, ce site a été mobilisé dans le cadre du conflit syrien comme lieu d’exposition artistique avec la participation de célèbres sculpteurs libanais, des peintres français à l’instar de Bernard Renaud, des écrivains ou encore des hommes politiques. Cela permettait ainsi de créer un lien entre patrimoine matériel (monuments, sites) et immatériel (productions artistiques) et une mise en valeur réciproque, instrument au service de la diplomatie d’influence contre les ennemis.

Bien plus qu’un lieu culturel, le site de Mleeta s’impose comme un vecteur de diffusion de la propagande du Hezbollah, et ce, dès son ouverture. En effet, le moment retenu pour cette occasion coïncidait dans le temps avec l’affaire Al-Manar en France. À l’époque, accusée d’antisémitisme et d’incitation au terrorisme, la chaîne était, dans un premier temps, interdite de diffusion en France, puis au sein de l’Union Européenne[28]. Selon Ahmad Mansour, directeur de la communication et des relations internationales du site, Mleeta permettait ainsi de diffuser du contenu de propagande contre l’ennemi par l’intermédiaire des écrans des chaînes occidentales invitées pour l’occasion[29].

Au-delà de son objectif propagandiste, le site de Mleeta figure sur le parcours touristique du Hezbollah et a pour but d’en faire un outil de son soft power, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. À l’intérieur du pays, il s’agit d’un moyen de contrôle de l’espace en vue de la territorialisation de la communauté chiite libanaise, par la création de repères spatiaux qui renvoient à un événement historique et/ou à un moment phare de l’histoire de la communauté. Dans le cas de Mleeta, c’est le mémoriel du conflit avec Israël qui se manifeste par un site, qui légitime le droit à la mise en place d’une mémoire communautaire. Quant à l’extérieur du pays, ce tourisme sert de vitrine, voire de tribune, pour la diffusion des messages du Hezbollah et offre au monde une image moderne venant contrebalancer le caractère terroriste souvent associé à cette organisation.

Dans les deux cas, il s’agit d’une instrumentalisation du tourisme comme outil de propagande et de soft power. Il devient un vecteur idéologique qui contribue à la communautarisation des Chiites au Liban et les positionne comme « différents » des autres libanais. Ce tourisme dit « de Résistance » boucle le système stratégique du Hezbollah avec le pragmatisme comme mot-clé et une reconfiguration au gré des conjonctures politiques et géopolitiques.

Conclusion

Grâce à un pragmatisme exacerbé et une touche d’ambiguïté, le Hezbollah est doté d’un système stratégique redoutable pour atteindre ses objectifs tant religieux que politiques. Le mouvement possède ainsi une communication multidirectionnelle et une capacité d’interaction multidimensionnelle. Il est ainsi en mesure d’adapter son discours et son message pour atteindre une diversité de cibles tout comme d’intégrer et de combiner une pluralité de champs d’action.

Pour le rendre possible, l’organisation est en recherche constante de légitimité, qu’elle tente d’obtenir par une assise communautaire et populaire. Cette légitimité d’action s’appuie sur le fil conducteur de la résistance et passe par la recherche d’influence au sein de la société et la structuration de celle-ci. La place de cette ambition d’influence est devenue prépondérante et se manifeste sous différentes formes : la maîtrise de l’image, les outils médiatiques, les discours politico-religieux, la construction d’une mémoire collective ou l’édification de lieux symboliques ouverts au tourisme de Résistance.

En conséquence, la stratégie du Hezbollah s’est adaptée à son environnement, que ce soit en matière de communication ou de moyens utilisés. Si l’univers des acteurs non-étatiques est hétérogène et multiforme, il n’en demeure pas moins pour autant que le Hezbollah, tout comme les autres acteurs de cette catégorie émergente, s’inscrit dans la modernité par le recours et la maîtrise des nouvelles technologies ainsi que l’intégration rapide de ces dernières dans leur stratégie. Un autre changement notable est l’évolution de la stratégie vers une combinaison de hard power, c’est-à-dire la puissance militaire, et de soft power. Cet alliage s’est construit autour de la diplomatie d’influence pour donner forme à un smart power

L’étude du Hezbollah, ou de tout autre groupe assurant la promotion d’un Islam politique comme Daech ou Al-Qaïda, pour ne citer qu’eux, devrait donner lieu à un vaste travail de réflexion sur l’intégration de certains aspects techniques ou symboliques de la modernité. Dans cet univers hétérogène et multiforme que constituent ces acteurs non-étatiques, il ne faut pas hésiter un instant, voire être surpris de constater et de dire que ce type d’organismes hétérogènes et multiformes sont aujourd’hui devenus, sur certains aspects, plus proches voire égaux sur le plan de la « post-modernité » occidentale.

 

 

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Szekely, O. (2016). The politics of militant group survival in the Middle East : resources, relationships, and resistance. Palgrave Macmillan.

 

 Notes :

[1] Chaubet, F. (2013). Rôle et enjeux de l’influence culturelle dans les relations internationales, Revue internationale et stratégique, 1(89), 93–101. https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2013-1-page-93.html

[2] Delcorde, R. (2019). La diplomatie d’influence, Revue Défense Nationale, 823(8), 57–63.

[3] Abdallah, L. (2017). L’appréhension du Hezbollah en tant qu’organisation hybride : entre défis régionaux et contestations internationales, Travaux universitaires Aix-Marseille Université (AMU). Aix-Marseille Université.

[4] Szekely, O. (2016). The politics of militant group survival in the Middle East : resources, relationships, and resistance. Palgrave Macmillan.

[5] Azani, E. (2013). The hybrid terrorist organization: hezbollah as a case study, Studies in Conflict & Terrorism, 899–916.

[6] Ali Fayyad député et membre du bureau politique du Hezbollah explique cette expression : « Ce qui me stupéfait dans cette société libanaise c’est sa propension au sacrifice, sa capacité à résister, son don de soi, comme ce fut le cas, plus particulièrement pendant la guerre de juillet 2006 ». Fayyad, A. (2008). Que signifie la spécificité libanaise ?, L’Orient-le-Jour, dossier Réinventer le Liban, mars 2008, p. 74.

[7] El Khoury, F. (2021). Israël au cœur du discours du Hezbollah en Syrie, Communication 38(2). https://doi.org/10.4000/communication.14677

[8] Daher, J. (2016). Hezbollah, the political economy of lebanon’s party of god. Pluto Press. p. 93.

[9] Daher, A. (2014). Le Hezbollah, un entrepreneur social ? Action sociale et mobilisation, ou l’édification de la « société de résistance ? ». Dans A. Daher (dir.) Le Hezbollah. Mobilisation et pouvoir. Presses Universitaires de France, p. 152.

[10] Harb, M. et Deeb, L. (2008). Les autres pratiques de la Résistance : tourisme politique et ludique pieux. Dans Sabrina Mervin (dir.), Hezbollah : état des lieux. Actes Sud. 227–246.

[11] La fête d’Achoura commémore le martyr de l’imam Husayn massacré, avec 70 membres de sa famille, par l’armée omeyyade lors de la bataille de Karbala en 680. Cet évènement est considéré comme l’un des principaux éléments de l’histoire chiite.

[12] Royer, R. (2021) Le tourisme de résistance au Liban : entre tourisme mémoriel, emprises idéologiques et identités communautaires : Le cas du site de Mleeta au Sud du Liban. Université de Géographie de Lyon. https://theses.hal.science/tel-03704104v1/document

[13] Chaib, K. (2009). Les identités chiites au Liban-Sud. Entre mobilisation communautaire, contrôle partisan et ancrage local, Vingtième Siècle, Revue d’histoire, 103(3), 149–162.

[14] Lamloum, O. (2009). Al-Manâr. Pilier du dispositif communicationnel du Hezbollah, Confluences Méditerranée, 2(69), 61–70. https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2009-2-page-61.htm 

[15] Harb, M. (2004). La banlieue du Hizb’Allah. Images militantes du Beyrouth d’après-guerre, Les Annales de la recherche urbaine, 96, 53–61. https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_2004_num_96_1_2555

[16] El-Boustany, J. (2013). Le temps de l’intimidation, La guerre psychologique du Hezbollah. L’orient des livres. p. 53.

[17] Huyghe, F. B. (2005). Comprendre le pouvoir stratégique des médias. Eyrolles.

[18] Dot-Pouillard, N. (2017). Chapitre 2. D’Al Jazeera à Al Mayadeen : la réinvention d’un journalisme militant ?. Dans D. Marchetti (ed.), La circulation des productions culturelles : Cinémas, informations et séries télévisées dans les mondes arabes et musulmans. Centre Jacques-Berque.  http://books.openedition.org/cjb/1213

[19] Guérin, A. (2009). Le Hezbollah face aux forces armées conventionnelles perspective historique des modes, Cahier de la Recherche Doctrinale, CDEF. https://www.calameo.com/books/000009779e6d12d63a83c

[20] Les dix commandements intemporels de Arthure Pnsonby dévéloppés et analysés dans l’ouvrage d’Anne Morelli (2001) Les Principes élémentaires de propagande utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède. Labor. p. 93.

[21] « La question de la Syrie, de notre point de vue, est une bataille existentielle et pas une bataille de privilèges. Ce n’est pas, comme on dit, une condition (esthétique) de perfection, mais la condition même de notre existence », Hassan Nasrallah, discours du 20 décembre 2013, traduit par « Palestine- Solidarité ». http://www.palestine-solidarite.org/video.Hassan_Nasrallah.201213a.htm

[22] Calabrese, E. C. (2016). « La cause c’est nous » : militants du Hezbollah au Liban face à la guerre en Syrie, Confluences Méditerranée, 3(98), 103–114. https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2016-3-page-103.htm 

[23] Figure centrale de la théologie chiite, fille de l’Imam Ali et petite-fille du Prophète, Zaynab fut capturée au cours de la bataille de Karbala (en 680, dans l’actuel Irak) et conduite avec d’autres prisonniers au palais du calife omeyyade, Yazid, à Damas.

[24] La prison de Khiam est ainsi devenue un symbole de l’occupation israélienne du Sud du Liban. Dès le lendemain du retrait israélien (en mai 2000), plusieurs associations se sont mobilisées pour la mise en valeur du lieu. C’est finalement le Hezbollah, qui est alors l’acteur dominant sur le territoire sud-libanais, qui prend en charge la transformation du centre de détention en un lieu de visites et de commémorations. Pour plus de détail sur la prison de Khiam, voir Fournier, Z. (2018). Mettre en scène une mémoire sélective : La prison faite musée à Khiam au Liban-Sud. Dans A. Chiffoleau, E. Dannaoui, A. Madoeuf et S. Slim, Explorer le temps au Liban et au Proche-Orient. Publications of the University of Balamand, Presses de l’IFPO. 201–219.

[25] Le château de Beaufort, plus connu sous le nom de Qalaat Chaqîf Arnoun, a été sous le contrôle des forces croisées, arabes, ottomanes, palestiniennes et israéliennes. C’est son emplacement stratégique qui lui donne son importance. Actuellement, le château est une attraction touristique moderne. Le Hezbollah s’est chargé de s’approprier le site et le considére comme un monument du parti.  Pour le Hezbollah, le monument symbolise l’histoire de la résistance contre l’occupation israélienne.

[26] Installé au sommet d’une colline près de la frontière sud du Liban, le « monument touristique de Mleeta de la résistance » sert à commémorer la résistance du Hezbollah contre l’occupation israélienne du Sud du Liban (1982-2000) et la guerre de 33 jours en juillet 2006. Pour plus de détails, voir Royer, R. (2021). Op.cit.

[27] Chehadeh, M. (2010). Et si, pour les prochaines vacances, on se faisait le Hezbollah-tour ?, France 24, 25 mai. https://observers.france24.com/fr/20100525-prochaines-vacances-Hezbollah-tour-lebanon.

[28]Lamloum, O. (2009). Al-Manâr. Pilier du dispositif communicationnel du Hezbollah, Confluences Méditerranée, 2(69), 61–70. https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2009-2-page-61.htm

[29] Fahs, H. (2015). Le Hezbollah a-t-il réussi à construire une mémoire collective pour la société de résistance ? La Mémoire de Guerre comme un instrument de la Guerre. Université Saint-Joseph, Institut des sciences politiques de Beyrouth. 100–104.

 

Biographie :

Enseignant-chercheur en Histoire contemporaine diplômé de l’université de Rennes 2 en histoire politique, analyste du Moyen-Orient et des questions euro-méditerranéennes.